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On nous avait promis de brillants sixièmes. Enfin, tout est relatif, on est dans le 9-3 : disons qu'on nous avait dit que cette année - cuvée exceptionnelle - nos minipouces savaient presque lire et qu'ils ne tarderaient plus à savoir écrire. Or donc néanmoins et pourtant, je constate que je suis l'infortunée prof principale d'une bande de petits fripons, avec un
Aujourd'hui, tandis que je ramassais les punitions distribuées au dernier cours des cinquièmes, Thomas, l'un de ces doux angelots, jette littéralement sur mon bureau un torchon (encore que je ne me sois pas même torché le fondement avec) qu'il a l'audace d'appeler "sa punition" et son carnet de correspondance, en ajoutant, l'oeil goguenard, que "le mot n'est pas signé, j'vous l'dis tout de suite". Ces provocations étant légion en zone-de-prévention-violence, je lui rétorque aussi sec qu'il écope donc légitimement de 2 heures de retenue. Comme la sanction ne fait toutefois sens qu'explicitée lors d'un entretien individuel, j'interpelle mon rebelle à la fin de l'heure, afin de le tancer vertement pour son attitude et, surtout, de tâcher de le convaincre, dans son intérêt, d'adopter profil bas dans mon cours. Emportée dans mon élan, je lui laisse entr'apercevoir de plus sombres perspectives s'il s'obstine dans sa croisade de casseur et ne s'amende pas dès lundi : aussi le menacé-je de convoquer son père dans le bureau du proviseur. Ses yeux s'embuent alors et je ressens la lutte interne à laquelle se livre mon perturbateur de
A la récréation, curieuse d'en apprendre davantage sur les états de service de mon bonhomme, je m'enquiers auprès de Milie, ma collègue d'histoire, qui le connaît pour l'avoir étrenné dans ses cours l'an dernier. Comme je lui confie la réaction émue du petit, elle me répond : "Bah ça m'étonne pas : son père est mort ; quant à sa mère, elle est sous cachetons."
Il y a des jours où je me sens petite, toute petite petite.