
Tous les billets sont
listés ici et classés par titres et mois dans la boîte
Archives.

Voilà un des mots que j'apprends à mes élèves quand on travaille sur la bande dessinée. Généralement, je le leur signale, tout à fait incidemment, comme un mot savant pour désigner les bulles qui renferment les paroles ou pensées des personnages dans les BD. Aussitôt, mes contradicteurs préférés mémorisent ce terme ultra-technique pour lexicologue branché - difficile à caser dans une conversation - alors qu'ils oublient ce que sont antonymes et synonymes, sous prétexte que ces deux termes sont
"trop compliqués"... Allez savoir !

L'histoire du mot illustre la capacité de notre langue à extrapoler, à inférer un sens à partir d'une représentation initiale. Mon toujours spirituel et précieux
Bob' des noms communs m'apprend en effet que dans l'Antiquité, un phylactère était une amulette. Pour les Juifs orthodoxes, le phylactère (appelé aussi
"tephillin") est un boîtier carré, contenant des bandes de vélin ou de parchemin sur lesquelles figurent des versets de la Bible et qu'ils portent au bras gauche ou sur la tête pendant la prière du matin. Au Moyen-Age et à la Renaissance, les phylactères désignaient les banderoles à extrémités enroulées qui figuraient sur les oeuvres d'art, et sur lesquelles on inscrivait les paroles prononcées par les personnages. De là est naturellement venu le sens moderne du terme : "phylactère" est le synonyme chic à paillettes de "bulle" dans le langage de la bande dessinée.
On visualise bien la trajectoire du mot :
- D'abord, amulette : on privilégie la forme carrée, l'objet a rapport au sacré.
- Dans la religion juive, c'est une boîte carrée contenant du texte sacré : on conserve l'idée de la forme carrée, l'objet est toujours de nature sacrée, mais on introduit l'idée du texte.
- Dans l'art médiéval, le phylactère devient une sorte de bannière destinée à afficher les paroles des personnages représentés sur une oeuvre : on abandonne quelque peu l'idée de la forme carrée, on élimine le caractère sacré pour conserver la fonction de figuration de paroles.
- L'acception moderne du mot oblitère définitivement l'idée de la forme carrée (les bulles renvoient à des formes arrondies) ; ne demeure que la figuration des paroles ou pensées.
Tout ça pour introduire ce
générateur de phylactère qui produit des bulles au format
*.gif
(avec possibilité de configurer la couleur de fond de page) ou
*.png
transparent !