En ligne de MRAP
Je tombe à l'instant, en baguenaudant sur le site du Monde, sur une dépêche de l'AFP en date du 28 juillet (cf. infra), qui me met littéralement hors de moi. Le MRAP, y apprend-on, vient de saisir le MEN pour protester contre un corrigé de brevet blanc d'histoire-géographie, sous prétexte que ce dernier établissait, sans l'assortir de putains de guillemets critiques et autres circonvolutions foutaiso-rhétoriques, un raccourci "particulièrement choquant" entre les causes de la crise des années 1930 en Allemagne et les solutions préconisées par les nazis, au premier rang desquelles la lutte contre les Juifs. Voici l'intégralité de la dépêche :
Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a écrit jeudi au ministre de l'Education nationale pour protester contre le contenu "particulièrement choquant" d'un corrigé de brevet blanc d'histoire fourni aux élèves d'un collège des Yvelines.
Ce brevet blanc du collège Jean-Moulin de Croissy-sur-Seine (Yvelines) avait pour sujet: "Comment le régime nazi apporte-t-il des remèdes à la crise ?"
Selon une copie fournie jeudi à l'AFP par le Mrap, les "propositions" de corrigé, rédigé en février par un enseignant, étaient: "montrer que les nazis apportent des solutions (remèdes) et qu'il y a des résultats. (...) Les remèdes: les lois de Nuremberg, lutter contre les Juifs, réarmement et politique de grands travaux. Les résultats: la production industrielle augmente, le chômage recule, mises en place de camps de travail, c'est la marche vers la guerre. Mais les dépenses sociales augmentent".
"Un lien direct de cause à effet, sans autre explication, est proposé à des jeunes de 15 ans entre les problèmes posés par la crise de 1930 en Allemagne et les solutions, notamment +lutter contre les juifs+, expression qui n'a même pas été assortie de guillemets !", écrit le Mrap à Gilles de Robien.
Interrogé, le ministère n'a pas voulu commenter une lettre qu'il n'a pas encore reçue. L'inspection académique des Yvelines n'a pas donné suite à une demande de réaction de l'AFP.
"J'ai eu un sursaut en voyant ce corrigé que mon fils m'a montré parce qu'il était lui-même étonné", a expliqué à l'AFP Dominique Assayag, mère d'un élève de 3ème. Elle a assuré avoir discuté avec le proviseur et l'enseignant auteur du corrigé qui lui a certifié qu'un débat serait organisé avec les élèves.
Il s'agissait, selon le Mrap, de "s'assurer que les 150 élèves concernés par ce corrigé n'aient pas pris la +proposition de correction+ au premier degré comme cela, malheureusement, est à craindre". Or, "rien n'a été fait depuis lors", a-t-il ajouté dans sa lettre.
Le MRAP a demandé au ministre "une intervention qui permette dès la rentrée de réparer cette maladresse".
Mais enfin, ne voit-on pas que le corrigé incriminé s'intitule lui-même "proposition" de corrigé ? Qu'il ne se présente pas comme un devoir entièrement rédigé, mais comme un court paragraphe, destiné à donner aux élèves des pistes sur la façon dont ils auraient pu traiter le sujet ? L'enseignant y indique, à coups de gros raccourcis, les grandes étapes du plan et de la réflexion. Il aligne une série de notations et se contente de rappeler aux élèves, très schématiquement, des notions déjà étudiées en détails. C'est là une pratique courante - à laquelle tout prof est obligé de recourir pour économiser sur son crédit-photocopies...
Le cours en lui-même a déjà eu lieu ; il ne s'agit donc pas de le refaire ; les élèves sont supposés le connaître : à charge pour eux de s'y reporter. Et il ne fait aucun doute que lors du cours, toutes les distinctions nécessaires, susceptibles d'apprendre aux bambins de 3ème à "préserver l'amitié entre les peuples", ont bel et bien été établies par le professeur. Précisément, ce dernier peut s'autoriser de lapidaires indications dans sa proposition de corrigé, sans craindre que les élèves ne prennent celles-ci au premier degré, parce que son cours s'est chargé de délivrer la bonne parole en amont. Bon sang ! Quand cessera-t-on de prendre les élèves pour de parfaits demeurés ? Quand cessera-t-on surtout de les conforter dans ce rôle, qui ne leur sied que trop bien ? 
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