Je ne peux manquer de partager ici la découverte musicale (tardive, je ne suis jamais en avance) qui enchante mon été : l'album acoustico-éclectique"Let it Die" de Leslie Feist risque de vous emporter à votre tour dans son rafraîchissant sillon...
Sa vie, son oeuvre
En un mot, Leslie Feist est une jeune et talentueuse canadienne, auteure-compositrice, interprète et multi-instrumentiste, rien que ça ! Et si l'album solo de la demoiselle est à classer dans les inclassables - avec toute la contradiction que cela recèle - tant il surprend par sa variété de tons, oscillant entre soul intimiste, folk minimal, jazz fredonné, disco vibrant, sur un fond résolument pop, Leslie Feist ne l'est pas moins, elle qui a débuté sa carrière dans le punk - à qui elle doit d'ailleurs sa voix d'ange écorché, ce cristallin filet délicatement éraillé.
Née à Calgary au milieu des années 70, Leslie Feist a fait ses armes comme chanteuse dans le groupe rock-punk de son lycée, Placebo qu'il s'appelait (qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas "ce" Placebo-là...) Bientôt, et durant 5 ans, le groupe fit les premières parties de The Ramones, mais les tournées éreintèrent tellement la voix de Leslie Feist qu'elle apprit en 1998 qu'elle ne pourrait plus jamais chanter.
Elle quitta alors sa ville natale, s'installa à Toronto, soucieuse de consulter un spécialiste des cordes vocales. Comme substituts à sa voix, qu'elle devait préserver, elle emporta une guitare et un 4-pistes. Pendant six mois, enfermée dans son garage, elle gratta des accords plutôt pop. Un an plus tard, elle devint guitariste dans le groupe By Divine Right, jouant un nombre de fois incalculable devant des salles bondées, à travers toute l'Amérique du Nord. Entre deux tournées, elle trouva le temps d'enregistrer et de produire en 1999 un premier album solo, intitulé Monarch (Lay Down Your Jeweled Head).
Après avoir joué dans de petites formations locales à Toronto, Feist rejoignit en 2000 un groupe de rap electro, Peaches, avant de participer, en 2002, à l'enregistrement de l'album "You Forgot It in People" du groupe Broken Social Scene, production qui remporta d'ailleurs le Juno Award du "Meilleur album alternatif 2003".
A ce moment-là, Feist avait déjà en tête son deuxième album solo, et quand elle n'était pas en tournée en Europe ou Outre-Atlantique avec Broken Social Scene, elle naviguait entre Calgary, Toronto et Paris, pour faire ses enregistrements, en collaboration étroite avec Renaud Letang (proche de Manu Chao) et Chilly Gonzales. L'album "Let It Die" sortit en mai 2004 chez Arts & Crafts.
L'album-révélation : "Let it die" (2004)
Leslie Feist y prête le timbre chaud de sa voix délicate à des morceaux de sa griffe, ballades folk, acoustiques et dépouillées, mélodies pop-jazz, enlevées et légèrement sophistiquées, ainsi qu'à des reprises, qu'il s'agisse d'un vieux blues traditionnel texan ("When I was a young girl"), d'un titre de Françoise Hardy ("L'amour ne dure pas toujours") ou d'une vitalisante version disco-soul d'"Inside and out" des Bee Gees, sans oublier le chouette "Secret heart" de Ron Sexsmith. On pourrait regretter du reste que l'auteure accorde une si large place à des reprises (5 pistes sur 13), quand les titres les plus réussis de l'album sont à mon sens (partagé, d'après ce que j'ai lu ici ou là) des compositions personnelles, "Mushaboom" et "Gatekeeper".
~ Gatekeeper ~
Well it's time to begin as the summer sets in It's the scene You set for new lovers You play your part painting in a new start But each gate will open another
June July and August said "It's probably hard to plan ahead" June July and August said "It's better to bask in each others"
Gatekeeper seasons wait for your nod Gatekeeper you held your breath Made the summer go on and on
Well they tried to stay in from the cold and wind Making love and making their dinner Only to find that the love that they grew in the summer Froze
February April said "Don't be fooled by the summer again" February April said "That half of the year, well we'll never be friends"
Gatekeeper seasons wait for your nod Gatekeeper you held your breath Made the winter go on and on
Gatekeeper, Gatekeeper, Gatekeeper Seasons wait for your nod
Je ne résiste pas à l'envie d'ajouter le titre "Mushaboom", avec ses paroles...
~ Mushaboom ~
Helping the kids out of their coats But wait the babies haven't been born Unpacking the bags and setting up And planting lilacs and buttercups
But in the meantime I've got it hard Second floor living without a yard It may be years until the day My dreams will match up with my pay
Old dirt road Knee deep snow Watching the fire as we grow old
I got a man to stick it out And make a home from a rented house And we'll collect the moments one by one I guess that's how the future's done
How many acres how much light Tucked in the woods and out of sight Talk to the neighbours and tip my cap On a little road barely on the map
Old dirt road Knee deep snow Watching the fire as we grow old Old dirt road Rambling rose Watching the fire as we grow well I'm sold
Si vous ne vous précipitez pas chez votre disquaire après cela, c'est à désespérer de vos écoutilles, s'écrierait Tonton Gilbert