J'en touchais hier un mot en passant, dans mon billet vespéral ; j'y reviens aujourd'hui : Dreamland est le titre du premier album de la discrète Madeleine Peyroux, sorti en 1996 et salué à l'époque par Time Magazine comme "la performance vocale la plus excitante, la plus prenante, de l'année", en témoigne ce titre, espiègle et malicieux, Was I ? :
~ Was I ? ~
Sweet young thing of sixteen Thought I'd step out one night I longed to get the thrilling life I've missed I met a youth A bit uncouth Although he seemed alright I knew him by the moment when we kissed
Then I got home, next day with a swollen head My girlfriend asked if i'd had fun I said, "was I drunk ? was he handsome ? Did momma give me hell ? Did I get a thrill ? Am I full of quiver ? Was he rough ? Did I care ? Am I glad I fell ? Every time I think of him do I shiver ? Was he hot ? And was I ? And would he stand for maybe ? He would not ? Did I lie ? Does he still think i'm a baby ? If I was, am I still ? Do I care ? Don't be silly Was I drunk ? Was he handsome ? And did momma give me hell ?
Was I drunk ? Was he handsome ? Did momma give me hell ? With his hands loose as no refusin' Did he fight ? Was I blue ? Almost shamed to tell And I don't know yet the system he was usin'
Well I said, stop, please, behave ! Well what's the use of breathin' ? He said, give So I gave After all, what was I savin' ? Am I glad ? Holy gee, Have I had fun, you're askin' me ? Was I drunk ? Was he handsome ? And did momma give me hell ?"
La chanteuse, âgée de 22 ans à l'époque, fit l'expérience d'une consécration fulgurante, qui tout à la fois l'enchanta, par les perspectives qu'elle lui ouvrait (faire la première partie de Cesaria Evora, jouer dans les grands festivals de jazz, se produire à Lilith Fair...) et l'effraya, au point qu'elle préféra, comme elle dit, "prendre du recul" et se soustraire aux feux de la rampe. Rien d'étonnant, quand on sait que la demoiselle, d'origine géorgienne, mais qui a grandi à Paris, élevée par une mère professeur de Lettres, a longtemps été chanteuse de rues, arpentant le quartier latin, avec des groupes de musiciens de rue, comme les Riverboat Shufflers.
Elle battit donc en retraite et attendit huit longues années avant de sortir son second album, Careless love, énergique mélange de blues acoustique, de vieilles reprises jazz (tel "J'ai deux amours" de Josephine Baker) et de ballades folk aux modulations country. Mais le joyau de ce précieux bazar reste le titre "Don't wait too long", composition personnelle de l'auteur, associée à Larry Klein et Jesse Harris (connu pour ses contributions aux albums de Norah Jones) :